La grande déesse du Nord
Auteur : Régis Boyer. Editions Berg International.
Quatrième de couverture : Cet essai est une méditation sur le thème, courant dans tout le domaine indo-européen mais particulièrement bien documenté dans le Nord ancien, de la Grande Déesse, Déesse-Mère, Terre Mère ou Grande Mère. Notion complexe à souhait et qui repose sur de nombreuses ambiguïtés puisque si l'antériorité de la déesse à toute autre créature divine semble ne pas faire de doute, il est permis d'hésiter sur la valeur qui fonde sa prééminence.
En milieu germanique, une première approche révèle l'existence de nombreuses figurations de cette déité, mais au collectif : Mères, qui sont peut-être un emprunt à la tradition celte, Nornes, qui mettent l'accent sur le côté fatidique de la notion, Dises, avec leurs valeurs de fertilité-fécondité et leur double expression guerrière et tutélaire du clan, Valkyries qui rassemblent des traits des Nornes et des Dises en accentuant la notion de mort, Vanes enfin, divinités curieusement bisexuées ou gémellaires.
Après avoir étudié toutes ces manifestations de la Grande Déesse du Nord, l'ouvrage en propose trois figures fondamentales : Freyja, qui assume la double valeur amour-magie, Frigg, qui est l'épouse et mère en même temps que la maîtresse du destin et Skadi qui symbolise la libido, la violence cosmique et la mort dévoreuse de vie car la Déesse Mère est en effet aussi bien Déesse de Mort que de Vie.
Sommaire :
Introduction Chapitre 1 : Ambiguïté et diversité fondamentales de la Grande Déesse La Skirnisför 1) un mythe de fécondation 2) le hieros gamos ou mariage sacré La femme amour/magie-naissance/mort Androgynie, gémellité, asexualité Chapitre 2 : une approche nord-germanique : des groupes de divinités au collectif 1 ) Les Mères 2) Les Nornes 3) Les Dises - Thorgerdr Hölgabrudr - la hamingja 4) Les Valkyries - La fylgja 5) les Vanes |
Chapitre 3 : Visages de la Grande Déesse 1) Freyja - présentation - attributs : collier, sangliers, char tiré par des chats, forme de faucon - localisation - fonctions : amour, fertilité-fécondité (« don » : Gefjon, Jörd, Idunn), combat, guerre, mort, magie noire 2) Frigg - présentation - sa « cour » - localisation - fonctions : amour-libido, épouse-mère-gardienne du foyer, maîtresse du destin 3)Skadi - présentation - fonctions : côté libido, aspect violent et cosmique, une face mort : Hel Conclusion : permanence d'une image et d'un thème |
Mon avis : L'auteur est considéré comme une sommité dans le milieu académique pour tout ce qui touche à la civilisation scandinave. C'est donc un livre très sérieux et fouillé, rempli de détails, de théories, de liens vers d'autres panthéons, de références. Dans ce sens, il est particulièrement intéressant pour quiconque s'intéresse aux déesses scandinaves.
Je l'avais acheté spécialement pour la partie réservée à Skadi et je n'ai pas été déçue, il regorge de pistes qui me seront bien utiles dans mes travaux théoriques sur ma Patronne.
Cependant il me faut émettre quelques réserves - le livre est donc tout entier tourné vers une thèse, celle de discerner la Grande Déesse derrière chacune des déesses particulières, et il tombe ainsi dans 'une manie que nombre de polythéistes pourront trouver agaçante, celle de dire qu'une déesse en équivaut à une autre - ainsi, Idunn est réduite à n'être qu'une partie de Freyja et Hel une partie de Skadi, alors que leurs histoires, tempéraments et fonctions sont bien différents. Son but est d'établir une théorie, et il traite donc les divinités comme des concepts sans existence propre, les classant par fonctions simplificatrices. Le portrait qu'il dresse de Freyja comme 'végétative/passive' et insistant pour que son côté guerrier passe au second plan, ainsi que son qualificatif de 'magie noire' pour désigner à peu près toute forme de magie, peuvent se révéler contraires à ce que beaucoup de païens ont éprouvé, et peut être un peu vexantes également. L'auteur a été critiqué dans le milieu païen comme faisant preuve d'un biais certain, tenant peut être au fait qu'il est lui même chrétien. Ainsi, ses perspectives sont parfois un peu étriquées et il classe tous les détails qui ne correspondent pas à sa théorie comme 'baroques' ou 'insignifiants'. De plus, son style d'écriture est assez pénible à lire, pédant et assez embrouillé.
Mais de manière générale c'est un livre enrichissant, à digérer et à reconsidérer prudemment, dans le cadre d'un travail théorique sur les divinités, à contraster avec d'autres sources au possible.
Je l'avais acheté spécialement pour la partie réservée à Skadi et je n'ai pas été déçue, il regorge de pistes qui me seront bien utiles dans mes travaux théoriques sur ma Patronne.
Cependant il me faut émettre quelques réserves - le livre est donc tout entier tourné vers une thèse, celle de discerner la Grande Déesse derrière chacune des déesses particulières, et il tombe ainsi dans 'une manie que nombre de polythéistes pourront trouver agaçante, celle de dire qu'une déesse en équivaut à une autre - ainsi, Idunn est réduite à n'être qu'une partie de Freyja et Hel une partie de Skadi, alors que leurs histoires, tempéraments et fonctions sont bien différents. Son but est d'établir une théorie, et il traite donc les divinités comme des concepts sans existence propre, les classant par fonctions simplificatrices. Le portrait qu'il dresse de Freyja comme 'végétative/passive' et insistant pour que son côté guerrier passe au second plan, ainsi que son qualificatif de 'magie noire' pour désigner à peu près toute forme de magie, peuvent se révéler contraires à ce que beaucoup de païens ont éprouvé, et peut être un peu vexantes également. L'auteur a été critiqué dans le milieu païen comme faisant preuve d'un biais certain, tenant peut être au fait qu'il est lui même chrétien. Ainsi, ses perspectives sont parfois un peu étriquées et il classe tous les détails qui ne correspondent pas à sa théorie comme 'baroques' ou 'insignifiants'. De plus, son style d'écriture est assez pénible à lire, pédant et assez embrouillé.
Mais de manière générale c'est un livre enrichissant, à digérer et à reconsidérer prudemment, dans le cadre d'un travail théorique sur les divinités, à contraster avec d'autres sources au possible.